1 800 euros pour un bac +8, le cri d’alarme des chercheurs

Publié le 28 mai 2025 par: Être Heureux
Dans un contexte de coupes budgétaires drastiques, la parole d’une ancienne chercheuse met en lumière l’abandon silencieux de la recherche française.
Derrière les discours politiques, une réalité : laboratoires à bout de souffle, précarité des carrières scientifiques, et une fuite des cerveaux qui s’accélère. C’est un cri du cœur et de colère qu’a poussé Élise Bordet, ancienne chercheuse reconvertie en entrepreneuse. Invitée sur BFM Business, elle a dénoncé avec force la situation dégradée du milieu scientifique français. « C’est humiliant pour des gens qui ont sacrifié leur vie pour maintenir un niveau scientifique digne de ce nom », a-t-elle déclaré. Ces mots font écho à un sentiment de découragement qui gagne les laboratoires et universités du pays.
Une politique de coupes qui inquiète
Au cœur de son intervention, une donnée alarmante : 493,3 millions d’euros de coupes budgétaires en 2025 pour l’enseignement supérieur et la recherche. Alors même que la France affiche ses ambitions scientifiques sur la scène européenne, notamment lors du sommet « Choose Europe for science », ces chiffres viennent contredire toute volonté réelle d’attractivité. « On n’est rien sans la science », a martelé Elise Bordet, pointant l’hypocrisie d’un système qui cherche à séduire les chercheurs étrangers tout en délaissant ses propres talents.
Une précarité structurelle devenue la norme
Le parcours d’Élise Bordet illustre cruellement cette réalité. Après des classes préparatoires, une école d’ingénieur et un doctorat, elle s’est entendue dire que son salaire de chercheuse ne serait qu’un “argent de poche”. Une phrase brutale, mais révélatrice : même avec un bac+8, la reconnaissance professionnelle reste quasi inexistante. Et ce n’est qu’un début. Dix ans de post-doctorat attendent souvent les jeunes chercheurs, pour espérer un hypothétique poste stable.
Une insertion professionnelle au compte-gouttes
Le constat est implacable : un poste pour 250 candidats. Tel est le rapport qui attend les aspirants chercheurs en fin de parcours. Une compétition féroce pour un salaire brut de seulement 1 800 euros, très en dessous des standards internationaux. « Ce n’est plus une question de mérite », lâche Elise Bordet, amère. Le mérite, pourtant fondement de la recherche scientifique, semble s’effacer derrière la pénurie de moyens et l’austérité.
Des pratiques d’un autre temps
Mais la critique ne s’arrête pas là. Élise Bordet évoque également l’obsolescence des méthodes encore utilisées dans les laboratoires français. Alors que d’autres pays, comme les États-Unis, ont abandonné certaines techniques depuis les années 80, la France s’y accroche pour des raisons budgétaires. « Nos chercheurs se battent pour maintenir le pays à flot, mais avec des outils dépassés », déplore-t-elle. Une réalité qui met en péril la compétitivité du pays sur la scène scientifique mondiale.