Chez les félins sauvages, le pelage joue un rôle essentiel dans leur stratégie de chasse et de survie. Rayures, taches, unis ou mouchetés, ces motifs ne sont jamais le fruit du hasard. Ils résultent d’une longue évolution guidée par un seul objectif : se fondre dans l’environnement. Le tigre, par exemple, arbore des rayures verticales qui l’aident à se dissimuler dans les hautes herbes des forêts tropicales. Les jeux d’ombre et de lumière y brisent les contours de son corps, le rendant presque invisible à ses proies.

Chaque habitat, un motif adapté

Le pelage de la panthère ou du léopard, souvent orné de rosettes, est parfaitement adapté aux forêts denses ou aux montagnes, où la lumière filtre à travers les feuillages. Ces motifs floutent les formes du corps en mouvement. Le lion, lui, vivant dans les plaines ouvertes, n’a pas besoin de camouflages aussi élaborés, puisqu’il mise davantage sur la chasse en groupe que sur la discrétion. Son pelage sable uniforme lui suffit pour se fondre dans les savanes et protéger les lionceaux dans les hautes herbes.

Le cas particulier du chat domestique

Contrairement à ses cousins sauvages, le chat domestique ne dépend plus de son pelage pour survivre. Descendant du chat sauvage africain Felis lybica, il a été apprivoisé par l’humain il y a environ 10 000 ans. Depuis, la sélection naturelle a laissé place à une sélection humaine, orientée non pas vers le camouflage ou la prédation, mais vers l’esthétique et la diversité. Résultat : tigré, marbré, tacheté, uni, noir, blanc, tricolore… le chat domestique expose une richesse de motifs sans équivalent dans le monde animal.

Quand l’humain façonne la génétique

Cette explosion de diversité s’explique par des croisements multiples et une domestication progressive, dans des environnements où les contraintes de la vie sauvage ne s’appliquaient plus. Les humains ont favorisé certaines couleurs ou motifs, parfois par goût, parfois pour identifier des lignées. La robe du chat est donc aujourd’hui le produit d’un héritage sauvage, mais aussi d’une main humaine qui a joué avec les combinaisons génétiques.

Les gènes qui dessinent les félins

Derrière ces robes fascinantes se cache un puzzle génétique composé de dizaines de gènes. Le gène Tabby, par exemple, est responsable des motifs rayés, tandis que MC1R détermine la présence d’une pigmentation rousse, appelée phéomélanine, au lieu de la pigmentation brune plus classique, l’eumélanine. D’autres gènes interviennent dans les nuances :

• TYRP1 module les variations de noir, brun ou cannelle.

• TYR est à l’origine du pelage « colorpoint », visible chez les Siamois.

• Le gène D régule l’intensité des teintes : il atténue ou renforce les couleurs du pelage, donnant des variantes comme le bleu, le lilas ou le crème.

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• Enfin, S est celui qui décide de la présence (ou non) de taches blanches, parfois aléatoires, parfois très nettes.

Une diversité rendue possible par la domestication

C’est cette combinaison de facteurs – liberté génétique, sélection humaine, absence de pression naturelle – qui a permis au chat domestique de développer une infinité de robes. Tandis que le pelage du guépard ou du lion reste uniforme pour répondre à une logique de survie, le chat peut se permettre toutes les excentricités, parce qu’il est protégé, nourri, aimé… et parfois même exposé dans des concours félins où l’originalité prime sur la discrétion.