Suisse : la ville de Porrentruy interdit l’accès de sa piscine aux non-résidents, notamment français

Publié le 10 juillet 2025 par: Être Heureux
La ville suisse de Porrentruy a pris une décision qui fait débat : interdire temporairement l’accès à sa piscine municipale aux non-résidents suisses, en grande majorité des Français. Une mesure prise pour des raisons de sécurité et de capacité d’accueil, mais qui soulève des interrogations sur la frontière entre régulation locale et exclusion ciblée.
Depuis le vendredi 4 juillet, la piscine municipale de Porrentruy, dans le Jura suisse, est interdite aux personnes ne résidant pas en Suisse. Une mesure exceptionnelle, décidée par les autorités municipales en raison de comportements jugés inappropriés et de problèmes récurrents d’incivilité.
Selon Le Temps, plus d’une vingtaine de personnes ont déjà été expulsées de la piscine depuis le début de la saison estivale, en raison de non-respect des règles de conduite. Le Quotidien jurassien indique que 95 % des usagers concernés par cette interdiction temporaire seraient des ressortissants français, venus souvent en famille depuis les communes voisines situées de l’autre côté de la frontière.
Objectif affiché : apaiser et protéger
Dans un communiqué, les autorités locales ont expliqué que leur décision avait « pour seuls objectifs de garantir la sécurité des usagers et de préserver un climat serein et respectueux ». La municipalité précise que l’affluence exceptionnelle des dernières semaines a mis à rude épreuve la capacité d’accueil et le bon fonctionnement de l’infrastructure.
L’accès est désormais réservé aux personnes de nationalité suisse, ou titulaires d’un permis d’établissement ou de travail valide. Le maire de Porrentruy, Philippe Eggertswyler, a rappelé que cette mesure n’était pas inédite : une restriction similaire avait déjà été mise en place en 2020, durant la pandémie de Covid-19.
Une mesure qui divise
Si la mairie affirme qu’il ne s’agit pas de discrimination mais d’une régulation nécessaire pour garantir un bon usage des lieux, la mesure n’en reste pas moins controversée. En creux, elle soulève la question des tensions transfrontalières latentes, surtout dans les zones où les infrastructures locales attirent de nombreux visiteurs venus de France.
La fréquentation par des non-résidents est souvent mal perçue, surtout lorsqu’elle est associée à des comportements jugés irrespectueux. Mais la réponse adoptée par la ville, en ciblant de fait une population étrangère, interroge sur la proportionnalité de la sanction et son caractère temporaire.
Une exclusion ciblée, mais réversible
Le conseil municipal a toutefois tenu à préciser que cette interdiction pourrait « potentiellement être levée » en cours d’été, si la situation s’apaise. Tout en niant toute intention discriminatoire, le maire insiste sur la nécessité de garantir un accès prioritaire aux Jurassiens, estimant qu’« il faut impérativement faire en sorte que les Jurassiennes et Jurassiens puissent profiter de cette infrastructure ».
Dans un contexte d’affluence estivale et de chaleur, les équipements publics deviennent des lieux sensibles. Les incivilités répétées, conjuguées à des pics de fréquentation, poussent certaines communes à serrer la vis — parfois au prix de mesures radicales.
Un enjeu plus large : la gestion des équipements transfrontaliers
Cette affaire met en lumière un problème plus large en zone frontalière : l’usage intensif d’infrastructures suisses par des résidents français, notamment pour les loisirs, la santé ou le commerce. Si la coopération transfrontalière est une réalité quotidienne, elle peut aussi générer des crispations, notamment lorsqu’il s’agit d’infrastructures subventionnées par des fonds publics locaux.
La mairie de Porrentruy tente donc de concilier accessibilité et ordre public, mais soulève au passage des questions politiques plus profondes sur la place des “non-résidents” dans les équipements collectifs en période de forte affluence.